Les principes fondamentaux
En homéopathie, le choix d’un traitement s’effectue selon trois principes fondamentaux : similitude, globalité et individualisation. Quant aux remèdes homéopathiques, leur préparation est bien spécifique : ils sont « dilués et dynamisés ».
La loi de similitude
Le premier principe est la « loi des semblables » ou « loi de similitude » : « toute substance capable de provoquer chez l’homme sain et sensible un ensemble de symptômes est capable, à dose extrêmement faible (infinitésimale), de faire disparaître un ensemble de symptômes semblables chez l’homme malade ».
Prenons l’exemple du café : chez des sujets sensibles à son action, sa trop grande consommation provoque une insomnie, une excitation intellectuelle et des palpitations. Si ces mêmes symptômes sont présents chez une personne malade, le café à dose infinitésimale, dénommé « Coffea », sera l’un des médicaments à envisager.
Une conception globale de la maladie
Pour l’homéopathe, la maladie est consécutive à une rupture de l’équilibre énergétique qui touche d’emblée la totalité de l’individu. L’être humain est un ensemble indivisible, corps et esprit sont constamment interdépendants. Les symptômes pour lesquels le patient consulte sont à intégrer dans cette cohérence d’ensemble.
L’individualisation de chaque patient
Chaque patient vit ses troubles à sa façon, suivant un mode qui lui est personnel et original. Il s’agit alors de trouver le remède du patient, et pas seulement celui de sa pathologie. A diagnostic identique, malade différent, remède différent !
Ces principes fondamentaux sont issus d’une démarche expérimentale stricte et d’observations cliniques minutieuses. La loi de similitude est à la base de la médecine homéopathique. C’est ce qui la distingue de toutes autres méthodes thérapeutiques existantes, qu’il s’agisse de la médecine « conventionnelle » ou des autres pratiques « alternatives ».
Une démarche expérimentale rigoureuse
L’un des mérites d’Hahnemann a été de démontrer expérimentalement la loi des semblables et de fixer les modalités précises de son application. La loi de similitude et la conception homéopathique de la maladie ne sont pas nées par hasard, elles sont le fruit d’observations minutieuses et répétées.
Démonstration de la loi de similitude
400 ans avant J.C., Hippocrate, le père de la médecine occidentale, avait énoncé que les maladies pouvaient être guéries soit par les contraires, soit par les semblables.
Au XVe siècle, Paracelse utilisait la loi des semblables pour définir sa « théorie des signatures », basée sur l’analogie entre l’apparence d’une plante et ses propriétés thérapeutiques. Par exemple, la chélidoine, dont le suc est jaune, était censée soigner les pathologies de la vésicule biliaire en raison de la couleur jaune de la bile.
Leipzig, 1790. Voilà plusieurs années que Samuel Hahnemann a abandonné l’exercice de la médecine. Comment ce praticien, estimé de sa clientèle et de ses confrères, marié et père de famille, a-t-il pu renoncer au brillant avenir que tous lui prédisaient ? Ce revirement est celui d’un homme en quête de vérité. Horrifié par les dégâts que causent les traitements en vigueur (notamment les saignées), il cesse de donner des soins. Maîtrisant six langues, Samuel survit grâce à la chimie et à la traduction d’ouvrages médicaux et scientifiques.
En cette année 1790, Hahnemann traduit un traité de thérapeutique, la « Materia Medica » du médecin écossais William Cullen. Au chapitre consacré à l’écorce de quinquina, Cullen parle de ses effets sur la « fièvre intermittente des marais » (le paludisme).
Or, les effets toxiques du quinquina offrent une étrange ressemblance avec les symptômes de la maladie qu’il est censé soigner.
Hahnemann décide alors de comprendre l’action de la substance en absorbant lui-même de fortes doses de quinquina.
Il constate alors qu’il présente tous les symptômes caractéristiques de la fièvre intermittente. En outre, les paroxysmes de fièvre s’arrêtent spontanément dès qu’il arrête la prise de quinquina et ne se renouvellent que s’il en reprend une dose. Il vérifie la reproductibilité du phénomène en faisant absorber du quinquina à ses proches !
S’agit-il d’une réaction spécifique à cette substance, ou bien d’une loi beaucoup plus large et applicable à d’autres ?
Pour en avoir le cœur net, Hahnemann généralise l’expérience en testant sur des personnes en bonne santé d’autres substances aux propriétés thérapeutiques connues.
D’expérience en expérience, ce qu’il avait pressenti avec le quinquina se confirme. Dès lors, il va plus loin : il expérimente l’absorption de substances apparemment dénuées de propriétés thérapeutiques. Un grand nombre de substances sont ainsi expérimentées grâce à un petit groupe de volontaires. Hahnemann observe et note scrupuleusement les effets qu’elles déclenchent sur des individus en bonne santé : ce seront les premières « pathogénésies » qui formeront les premiers recueils de « matière médicale ».
Il cherche ensuite à vérifier que les produits qui ont provoqué des symptômes particuliers chez un individu sain sont capables de guérir des troubles semblables chez un sujet malade.
Validation de la loi de similitude
Hahnemann voit son intuition couronnée de succès : « la loi des semblables » est validée. Tout en poursuivant ses travaux, il renoue avec la pratique médicale.
En 1796, après avoir multiplié les expérimentations et guéri des malades suivant ce protocole, il publie un « Essai sur un nouveau principe pour découvrir les vertus curatives des substance médicinales ». Cette parution marque la date de naissance de l’homéopathie, du grec « homoios » (semblable) et « pathos » (souffrance). Hahnemann crée aussi le mot « allopathie », du grec « allos » (différent) et « pathos » (souffrance).
Tout en expérimentant, Samuel Hahnemann affine sa méthodologie. Il constate que chez l’homme en bonne santé, les substances expérimentées peuvent produire des symptômes toxicologiques gênants ; et, chez les patients, que les substances prescrites selon la loi de similitude provoquent parfois une aggravation sérieuse des symptômes avant qu’il y ait amélioration.
Il décide alors de diminuer progressivement les quantités, puis de les diluer pour arriver aux doses les plus faibles possibles (infinitésimales). Mais il constate rapidement que les remèdes simplement dilués sont moins opérants, alors qu’ils deviennent très efficaces lorsqu’ils ont secoués énergiquement à chaque dilution. Tout se passe comme si la puissance énergétique du produit était potentialisée : c’est la « dynamisation ».
Conception globale de la maladie
Hahnemann est un chercheur déterminé et un fin observateur. Il constate que, pour être efficace, le remède doit être prescrit sur l’ensemble des symptômes caractéristiques du patient. Il parvient ainsi à dégager une vision nouvelle pour l’époque : la maladie est globale et s’exprime de façon personnelle selon chaque malade.
Dans « l’Organon de l’Art de guérir » (1810), il expose avec précision cette conception et les principes de la méthode homéopathique.
D’emblée, la maladie touche l’individu dans sa globalité. Elle résulte d’une rupture d’équilibre de « l’énergie vitale ». L’ensemble des symptômes observés sont l’expression visible de cette perturbation énergétique profonde.
Toutes les pathologies sont reliées entre elles, quelles que soient leurs localisations et même si elles n’ont aucun rapport apparent, avec parfois des années d’écart entre leurs manifestations.
Hahnemann est aussi un précurseur : des années d’observations minutieuses l’ont conduit à dégager trois grands types de terrains qui prédisposent l’individu à certains troubles pathologiques (« Traité des Maladies Chroniques », 1828). C’était il y a deux siècles, au temps des saignées ! On connait aujourd’hui l’importance des terrains et des prédispositions génétiques dans la survenue et le regroupement de certaines pathologies.
Pour Hahnemann, la maladie est un processus dynamique de même que la guérison.
La vertu des médicaments repose sur leur capacité à faire naître des symptômes semblables à ceux de la maladie à traiter. Guérir passe par une réaction salutaire de l’individu malade au contact du remède qui lui est semblable.
Homéopathie : Une médecine différente
Le médicament homéopathique est choisi d’après les réactions de chacun face à sa maladie, et non d’après le nom de l’affection : c’est l’individualisation. De plus, il est indiqué par l’ensemble des symptômes caractéristiques du patient : c’est la globalité.
Dès lors, on devine les divergences entre homéopathie et allopathie quant à la façon de concevoir la maladie…
La médecine allopathique cherche à identifier les pathologies, puis à les classer en fonction de leurs causes : angines microbiennes, eczéma de contact… Elle explique les différentes maladies en fonction des dernières théories scientifiques en vigueur. Toute différente est l’homéopathie : le nom de l’affection est tout à fait insuffisant pour choisir parmi plusieurs centaines de remèdes.
Les différences entre allopathie et homéopathie se retrouvent aussi en matière de traitement. L’allopathie est une médecine des contraires : guérir signifie faire disparaître le plus rapidement possible les symptômes gênants ; la prescription sera généralement « standardisée », les quantités seront adaptées, mais avec un risque d’effets secondaires.
En homéopathie, le symptôme pathologique n’est pas la maladie, il n’est que la partie apparente de l’iceberg. L’homéopathe uniciste prescrit un seul remède à la fois, choisi d’après les réactions personnelles du patient. Son action a pour but de mobiliser les forces réactionnelles de l’organisme qui ainsi éliminera ses symptômes de lui-même. La guérison homéopathique n’est pas seulement la disparition de la pathologie en cause, elle doit s’accompagner d’une amélioration du patient dans sa globalité, énergie et mental compris. Après la prise d’un remède, ses effets continuent, tout comme un satellite poursuit sa trajectoire après avoir été placé sur orbite.
Tout se passe comme si le médicament homéopathique envoyait à l’organisme une information ciblée dans un langage commun. Si ce dernier est reconnu par le patient, il met en route ses processus de guérison. Dans le cas contraire, il n’y a aucune réponse de sa part et le remède est inefficace. S’il est partiellement entendu, l’amélioration sera incomplète et n’intéressera qu’une partie de l’organisme.